Semer directement sous paillis ?

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Faut-il ou non couper les feuilles des poireaux ? Tailler les tomates, mettre du compost au fond du trou de plantation ? Parce que sur certaines questions concernant le jardin, il n’y a pas une seule mais plusieurs réponses – et surtout de nombreuses nuances –, les rédacteurs des 4 saisons donnent ici leur vision.
Savon noir, bicarbonate… sans risque ? 2

Une question de bénéfices/risques”, Jérôme Jullien expert en horticulture et jardinier dans le Maine‑et‑Loire

Plantes malades au compost ? 1Le semis sous paillis a des atouts : il maintient la fraîcheur du sol, ce qui favorise la levée, et évite le lessivage de l’azote, l’érosion et l’enherbement. Mais il favorise nettement les limaces qui mangent les plantules (carottes, choux), ainsi que, plus localement, les attaques de rongeurs (légumineuses) ; il faut donc surveiller attentivement. C’est une question de bénéfices/risques. Chez moi, la couverture du sol en hiver est indispensable pour éviter la battance ; je peux semer au milieu du paillis fève, haricot, pois, ail et oignon. Pour les cultures dont la levée de dormance est longue – persil, céleri –, je maintiens un léger paillis pour éviter un désherbage compliqué, avec des risques de déchausser les jeunes cultures.
Pour les betteraves et chicorées, j’écarte le paillis et laisse les plantules se développer jusqu’à 4-5 feuilles avant de le rapprocher. Enfin, pour les séries de laitue, carotte, chou et radis, semées au printemps, je retire complètement le paillis et ne le remets que plus tard. En revanche, j’en dispose directement sur certains semis, comme la mâche, en été : j’utilise alors un paillis aéré de fougère, qui laisse passer la lumière. Et dans tous les cas, il faut absolument éviter les paillis pouvant être appelés à fermenter, comme les dernières tontes de gazon et les fauches d’herbe.

Un obstacle à la germination des graines”, Denis Pépin formateur en jardinage bio en Ille‑et‑Vilaine

Variétés anciennes de fruits, moins malades ? 2Je paille toute l’année, sauf au moment des semis. La vie du sol peut s’en passer pendant plusieurs semaines sans dommage. J’ai essayé maintes fois de semer en écartant simplement le paillis. Mon verdict est que les complications l’emportent sur les avantages : l’émiettement du sol pour préparer le lit de semence est plus compliqué, les merles qui aiment gratter le paillis l’éjectent en tous sens sur les graines en train de lever, le sol reste plus froid au printemps, le nombre de limaces est plus important… L’un des objectifs du paillis est d’éviter la germination des graines ; cela fonctionne pour les mauvaises mais aussi les bonnes ! Seules les grosses graines, comme celles du haricot, peuvent passer au travers d’un paillis peu épais. Pour réduire la difficulté, on peut planter des minimottes mais il faut tout de même assouplir la terre avant la plantation. Je préfère donc enlever le paillis, émietter la terre largement et profondément avant de semer. Je le replace quand les plantes sont assez développées. En été, en revanche, je saupoudre souvent un peu de tontes sèches après le semis pour protéger la terre contre le dessèchement et la battance lors de l’arrosage.